Mes adresses

Le traiteur de la Bourse

4 mars 2021

En ces temps de pandémie, continuer à donner du sens et créer du lien n’est pas toujours évident. Je vais être honnête, je perds un peu la motivation de dénicher des boui-boui car je ne peux plus m’y attabler, rendant à l’expérience un goût de trop peu. Ce matin, il faisait beau alors cela m’a donné une impulsion. Je suis partie dans le 2ème arrondissement pour un énième repérage-terrain pour mon « guide du Paris Boui-Boui ». J’étais déjà passée rue Saint-Marc, plusieurs fois devant « Le traiteur de la Bourse » mais pour une raison que je ne saurai vous expliquer, je ne m’y étais jamais arrêtée. Mais, ce jour-là, figurez-vous que j’ai fait une jolie rencontre qui m’a donné envie de faire escale.

Les msemens de Jamila

 

Pour une fois, je n’étais pas à vélo et prenais le temps de flâner à pied dans le quartier de la Place de la Bourse, dans le 2ème arrondissement de Paris. Ma rencontre du jour s’appelle Jamila. Cette femme d’origine marocaine, au grand sourire était en train de cuisiner et avait quelque peu avancer son installation afin qu’il y ait un « dedans-dehors » : une manière de voir de plus près ce qu’elle mijote dans son boui-boui. A mon passage, Jamila réalisait sous les yeux des passants des msemens farcies qui m’ont de suite fait de l’oeil. Il faut dire que, depuis l’école primaire, je garde un souvenir ému des msemens (galettes feuilletées)… En effet, lorsque venait la récréation ma copine Samira échangeait volontiers les msemens gorgées de miel qu’avait fait sa mère contre mes BN à la fraise bien industriel. Un « troc » peu courant mais qui nous a vite unies. Vous comprenez donc mieux pourquoi l’odeur de ces galettes préparées sous mon nez a fait direct appel à un voyage dans le temps. Les msemens sont pour moi un doux souvenir d’enfance !

A peine poussée la porte coulissante, je livre tout de go cette anecdote personnelle. Touchée, le lien se crée. En un rien de temps, elle se confie à son tour et me raconte son parcours. Jamila tient seule depuis huit ans sa gargote : @letraiteurdelabourse. Elle avait démarré des études en droit public et sciences politiques mais le destin l’a mené ailleurs. Le cœur sur la main, le sourire derrière le masque, la semoule fine entre ses doigts, Jamila ne regrette pas d’avoir changé de vie et ce, dit-elle : “même si c’est difficile en ce moment. Permettre à mes clients de se régaler, de retrouver du traditionnel et de la cuisine familiale qui réconforte, c’est ce qui me fait plaisir au quotidien. J’étais fermé quelques semaines pour cause de souci de santé et croyez moi, mes clients me manquaient et ils ont été nombreux à prendre de mes nouvelles. Je leur manquait aussi.” Il est donc bien là le lien social, tout n’est pas perdu. Rassurée, je souris derrière mon masque.

le traiteur de la bourse

Une cuisine transmise de mère en fille 

Dans ce minuscule traiteur marocain à l’inspirante devanture blanche et bleue, il y a beaucoup de sincérité et de générosité dans l’assiette. Ça ne trompe pas, ce midi Jamila m’a régalée avec des keftas, petits pois et œuf, relevés comme il faut. C’est sa mère qui lui a appris à cuisiner msemen, tajines, pastilla, couscous sucré-salé, tchoutchouka (version marocaine de notre piperade), zaalouk (caviar d’aubergines), harira (soupe traditionnelle),… Pour réussir son coup, Jamila suit les conseils de la matriarche »cuisiner toujours avec du frais et mettre du cœur à l’ouvrage. » La carte change au gré des trouvailles du marché et des inspirations de Jamila. Toutefois, pour ceux qui apprécient le réconfort des valeurs sûres, il y a toujours en entrée : des bricks, pastilla de poulet et amandes ; en plat : couscous végétarien ou à la viande, un tajine et des msemen farcis pour les casse-dalle. En revanche, attention, quand il n’y en a plus, on repasse le lendemain ! Comme tout bon boui-boui, l’entreprise est familiale et collaborative. Ainsi, les pâtisseries sont réalisées par la cousine de Jamila  tandis que les batbout – pain traditionnel servant aux sandwiches – sont fait par un boulanger marocain qui la livre tous les jours.

En se quittant, Jamila me dit : “Chloé, merci pour cet échange, c’est comme si je t’avais invité chez moi ! »  😍

Le traiteur de la bourse
📍27 Rue Saint-Marc, 75002 Paris
01 40 15 64 70

Pas de commentaire

Laisser un commentaire