Ce grand chamboule-tout, qui arrive à lui seul à clouer les avions au sol, me fait grandement réfléchir et me donne paradoxalement quelques espoirs quant au fait de repenser enfin notre rapport à l’ailleurs et au voyage. Après avoir marché – sans effet notable – pour le climat, avoir réduit de nous mêmes nos déplacements internationaux, c’est finalement ce Covid-19 qui va certainement remettre les pendules à l’heure et nous forcer à une certaine forme de décroissance. Waow, je comprends mieux pourquoi il a une couronne ce virus !
Je vous livre ici mes pensées, mes questionnements et réflexions face à la crise actuelle. Du partage, encore et toujours !
Remise en question
Pour celles et ceux qui ne le savent pas encore, le tourisme est mon ancien secteur professionnel, je l’ai quitté après une prise de conscience écologique et l’envie d’autre chose, mais je m’y intéresse toujours avec beaucoup d’attention. Quand on sait qu’aujourd’hui il y a plus d’un milliard et demi de touristes qui génèrent à l’échelle mondiale plus de 8 % des gaz à effet de serre et que le trafic aérien est au centre des problèmes environnementaux, il y a de quoi se pencher sérieusement sur l’impact de nos envies d’horizons lointains. Il est très étonnant de constater qu’en un rien de temps, alors que les alertes sur le réchauffement climatique, les rapports d’experts ou les manifestes pour favoriser les transports alternatifs à l’avion n’ont pas fait bouger un sourcil à nos gouvernements, c’est finalement le Covid-19 qui aura mis un coup d’arrêt au tourisme de masse en à peine quelques semaines.
Pour éviter d’accentuer le réchauffement climatique par notre consommation déraisonnée, nous demandions avant à nos politiciens et patronat de ralentir la cadence, aux compagnies aériennes de respecter leurs engagements de neutralité carbone et aux voyagistes de proposer un tourisme plus raisonné. Maintenant, avec ce virus, les aéroports sont à l’arrêt, les routes vidées, les rues désertées… Tout est en suspension. On note déjà une baisse importante d’émission de CO2, d’abord en Chine, puis en Europe et désormais partout dans le monde.
Accessoirement, le confinement de milliards de personnes permet également un vrai répit à mère-nature avec un retour des animaux sauvages : vous avez certainement vu la promenade du puma dans les rues chiliennes, des daims en région parisienne ou la danse des dauphins dans les ports méditerranéens. L’augmentation des qualités d’eaux et d’airs est également notable. Par exemple, l’eau des canaux vénitiens redevient même limpide pour cause de paralysie des vaporetti, c’est du jamais vu !
Peut-on encore voyager ?
Le ralentissement d’aujourd’hui est finalement l’occasion inespérée de réfléchir à notre future manière de voyager en nous posant ces questions de fond. Est-ce que cette crise de la mobilité va éveiller les consciences ou est-ce qu’on va repartir de plus belle dans l’ultra consommation pour rattraper le retard ? Est-ce qu’en restant chez soi des semaines d’affilées, on va finalement se rendre compte qu’on n’a peut-être pas tant besoin d’aller à l’autre bout de la terre aussi fréquemment qu’on le croit ? Il va falloir très sérieusement se poser collectivement la question du « prix écologique » de ces anciennes habitudes et certainement faire ensuite passer le message à nos États qui se refusent encore d’imaginer d’autres scénarios que celui du retour de la croissance.
Et si ici était un ailleurs comme un autre ?
Rappelons que la France est l’un des pays les plus visités au monde et que son patrimoine culturel, gastronomique et paysager est riche. Alors pourquoi ne pas en faire une destination de choix pour nos propres envies de voyages et d’aventures ? Si le déconfinement s’effectue par région et que les trajets inter-régionaux nous sont limités, le tourisme de proximité va très certainement avoir une carte importante à jouer.
C’est donc peut-être le moment de regarder nos villes et environnements proches avec un nouvel œil. A ce propos, les comités régionaux et départementaux du tourisme n’hésitent pas à mettre le paquet pour nous inciter à les (re)découvrir. Par exemple, le département du Gers revalorise son image de destination « Complice des jours heureux » avec des initiatives ultra-locales de prestataires Gersois et lance « Break-in Gers » – une newsletter pour des idées de court-séjours – ciblant uniquement « les bassins émetteurs de proximité », que sont l’Occitanie et quelques départements de la Nouvelle Aquitaine. Les initiatives fleurissent à travers l’Hexagone pour préparer l’après-crise et s’assurer une fréquentation française, voire même régionale.
Un autre exemple qui opte pour l’appartenance à sa propre ville, c’est l’opération #fenetresur, lancée récemment par l’Office Métropolitain de Tourisme et des Congrès de la ville de Marseille. En invitant ses habitants à partager les pépites de leur quartier sur les réseaux sociaux, on assiste à la découverte de ce qu’il y a à voir au coin de la rue. Cela ne vous rappelle rien ? Et bien si, mon slogan ! Vous l’aurez compris voyager moins loin – voire tout proche – est mon leitmotiv depuis le début de ce blog. Et c’est pourquoi l’année dernière déjà, je vous parlais de tourisme de proximité, en vous livrant quelques conseils sur « comment voyager sans quitter Paris ». Si le Covid-19 n’avait pas tout retardé, ce printemps, je devais vous guider dans des quartiers qui me sont chers, avec notamment des escales pour découvrir les cultures du monde du Grand Paris.
Pour m’évader en bas de chez moi, cela a d’abord été une prise de conscience, puis un réel cheminement. Alors, je partage ci-après des leviers incitatifs qui, j’espère, seront autant d’invitations à envisager la France comme un terrain d’explorations. Hélène, Vincent, Ferdinand, Waël et Mathieu prônent aussi les rencontres et le voyage près de chez eux et chacun à leur manière, ils tentent de donner à voir notre beau et riche territoire.
LIVRE : Tour de France des villes incomprises
Vincent Noyoux, journaliste de voyage, est habituellement payé pour découvrir les plus beaux endroits de la planète mais là, il nous fait découvrir la face cachée de la France en nous encourageant à aimer Mulhouse, Maubeuge ou Guéret. Un livre drôle et décalé qui nous fait effectivement estimer ces villes boudées. Initialement aux éditions du trésor, on peut désormais le trouver en version pocket.
NEWSLETTER : Chilowé , vivre l’aventure depuis la maison
Avec nos longues semaines de confinement à laisser nos fesses sur le canapé, pourquoi ne pas utiliser ce temps suspendu pour préparer l’évasion ? Chilowé propose chaque jour des idées pour se préparer à l’aventure. De plus, pour étancher notre soif de nouveaux horizons, la communauté Chilowé prépare une plateforme de micro-aventures en France.
DOCUMENTAIRE : Mon incroyable 93
Waël Sghaier a initié un voyage dans le département de son enfance, en Seine Saint Denis, afin de donner à (re)voir le 93 et déconstruire certains clichés. Avec une bonne dose de caméra shake, on assiste à une succession de rencontres d’habitants, tous très attachés à leur territoire. Avec beaucoup de spontanéité et aucune mise en contexte, Waël arrive à valoriser leurs initiatives. Cette belle humanité est à retrouver dans le documentaire actuellement en ligne jusqu’au 29 avril 2020.
LIVRE : La diagonale du vide
Avant de pouvoir crapahuter des heures, on se console avec le livre « La diagonale du vide ». Un itinéraire original – parmi les départements les moins densément peuplés de France – de 1500 bornes que Mathieu a réalisé en 18 mois, à pied, en vélo, en raquettes ou en montgolfière. Il s’est lancé le défi de découvrir la France comme un pays exotique, à la rencontre de ses habitants.Un vrai bol d’air à lire et un blog à suivre !
PODCAST : Les voyageurs de demain
Tous les mois, Hélène Queguiner interroge des voyageurs engagés ou des acteurs du tourisme responsable pour nous inspirer à voyager différemment. Chaque épisode du podcast est une piste à envisager pour réduire notre impact sur l’environnement.
Plateforme vidéo : IMAGO
Il y a peu, j’ai découvert une plateforme qui traite de la transition : IMAGO. Un riche contenu gratuit et inspirant.
3 Commentaires
Inspirant ! Merci pour ce réveil en douceur qui ouvre des horizons de proximité en ces temps de confinement
Une bouffée d’air, merci Chloé pour ce partage de ta pensée. Le covid remet beaucoup de réflexion en haut du panier… Voir la nature reprendre un peu ses droits et la terre respirer,nous impose de réfléchir d’autant plus sur notre impact. Le tourisme de proximité mérite de se développer et notre beau pays à beaucoup à offrir.
Merci de ce panorama des initiatives de slow travel tout à fait dans l’esprit de ce que nous essayons de promouvoir en donnant des exemples de voyages accessibles en train et plus proches