Si la rumeur court que Han Lim est le plus vieux restaurant coréen de Paris c’est qu’il est bel et bien là depuis trente ans à ravir nos papilles. Avec sa clientèle d’habitués, cette cantine a tous les charmes et attributs d’une Corée quelque peu surannée. Souhaitant en savoir d’avantage sur ce restaurant pionnier, j’ai rencontré M.Lee Jon Su, l’un des fils du propriétaire.
Si la devanture blanche aux vitres teintées nous pousse à rentrer, la salle aux murs jaunis ne joue pas d’artifices pour attirer les foules. Cet établissement « dans son jus » tient sa réputation depuis des lustres grâce au bouche à oreille. C’est qu’Han Lim est une de ces valeurs sûres, où l’on cuisine avec le coeur depuis longtemps et où on est souvent bien accueillis. Han Lim est l’un des premiers restaurants dans la capitale à révéler le goût de la Corée…
« Au milieu des années 70, la cuisine coréenne est inconnue à Paris et les restaurants se comptaient sur les doigts d’une main ! »
Précurseur de la cuisine coréenne en France
Anciennement libraire, M. Lee Cheol-Jong est devenu en 1967 l’un des premiers diplômés de cuisine de son pays. A l’époque en Corée, travailler en restauration n’était pas très estimé, c’est pour cela que lorsque Lee Cheol-Jong a eu l’opportunité, il est venu en France : le « paradis des cuisiniers ». Son fils Lee Jon nous raconte…
« Un ami de mon père lui a rendu visite dans le restaurant où il officiait à Séoul. Cet ami est tombé en admiration devant son talent de cuisinier. Mon père savait allier les saveurs. Peu de temps après sa visite, il lui a proposé de venir à Paris pour travailler dans son restaurant coréen, dans le 9ème arrondissement.«
C’est ainsi que M. Lee Cheol-Jong a fait partie des débuts de l’immigration coréenne en France. Au milieu des années soixante-dix, il est embauché comme chef chez Jukwon, l’une des rares adresses coréennes recensées dans le guide L’Asie à Paris. En 1981, il ouvrait son propre restaurant, dans le 5ème arrondissement, appelé à ses débuts La Maison de Corée.
Le kimchi a le même goût que là-bas !
Lorsqu’on vient chez Han Lim, toutes les saveurs de la Corée sont au rendez-vous. La salade de bulots, golbaengi-muchum, est la mise en bouche parfaite pour accompagner une Hite (la bière coréenne la plus consommée) tandis que la soupe pimentée donne le ton pour le reste du menu. La viande de boeuf servant au barbecue est ici fondante et divinement marinée. Si le bibimbap ne m’a pas transportée, la spécialité de la maison, le poulet frit, est à tomber ! Cuit à haute température, assaisonné à l’ail, à la sauce soja et au poivre, cette recette croustillante de kkanpunggi rappelle les toutes premières armes de Lee dans un restaurant chinois.
« Surtout ne pas altérer l’authenticité des plats. Il faut les préparer suivant la recette d’origine. »
Ce qui semble important pour M. Lee Cheol-Jong c’est de ne pas diminuer la quantité d’épices. Garder en tête que quel que soit le client, il doit retrouver le goût qu’il a trouvé en Corée, la fameuse cuisine locale. C’est tout le secret d’Han Lim et c’est pourquoi ce restaurant reste depuis tant d’années dans le coeur de ses habitués. On y retrouve toujours les mêmes recettes, inchangées et originales.
Avec une clientèle éclectique midi et soir, du papi coréen slurpant les fameuses nouilles noires, en passant par le duo de copines japonaises, jusqu’au couple métissé et le groupe de potes, Han Lim a encore de beaux jours devant lui. Du reste, M. Lee Cheol-Jong peut se réjouir : ses deux fils, Lee Jon Su et Lee Han, ont pris la relève ! Respectivement en salle et aux fourneaux. Tous d’eux vont poursuivre la promotion de la gastronomie coréenne et perpétuer ce que leur père a initié il y a plus de 30 ans : le goût de la Corée à Paris.
Han Lim
6 rue Blainville, 75005 Paris
Métro : Place Monge (L7)
Que choisir ? Le menu à 14€ avec une délicieuse soupe pour démarrer.
Le plus ? Service efficace et personnel aux aguets, surtout si on est « perdu » avec la cuisson du bbq.
Le moins ? Le soir, il n’est pas rare de faire la queue pour avoir une table.
Quand ? Du mardi au dimanche, de 12h-14h30 puis 19h-22h30
Pour aller plus loin…
Pour ceux qui lisent le Coréen, M. Lee Cheol-Jong a écrit une autobiographie où il raconte la perte de son père à 12 ans, les sept bouches à nourrir, ses débuts en cuisine, etc. Je vous invite à le trouver et à déguster ses mots !
Sources : Interview de M. Lee Jon Su, fils du propriétaire d’Han Lim et le Centre Culturel Coréen à Paris.
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