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Espeletia café

19 octobre 2020

Un micro-torrefacteur vient de s’ouvrir rue Davy, au coeur du quartier « Les Epinettes » dans le 17ème arrondissement de Paris : Espeletia Café. A peine poussée la porte de ce café de poche qu’un vaste monde se découvre à coup de grains de café fraîchement torréfiés, de terroirs colombiens et d’histoires contées par le patron Wilson…

Wilson et sa compagne Marcela, tous deux Colombiens, ont quitté leurs anciens boulots de géographe et d’ingénieur biomédical pour se lancer dans un projet qui leur ressemble. Ils se sont rencontrés à Paris, dans cette ville qu’ils définissent comme «  cosmopolite, multi-culturelle et haute en couleurs » et leur souhait était de créer quelque chose ensemble. Après avoir renoué avec leurs terres natales, recherché les meilleurs cafés de Colombie, réalisé un sacré chemin (et c’est peu dire!), ils ouvrent à la rentrée 2020 : Espeletia Café. En offrant une expérience à travers la dégustation de café de très petite production, aux arômes authentiques et raffinés, torréfiés par leurs soins, ils nous partagent leur amour pour la Colombie.

C’est un petit lieu où se retrouver dans le quartier, où tout le monde vient le coeur sur la main. On voulait créer une histoire autour du café…voilà, c’est ça Espeletia !

Wilson m’a fait l’effet d’une bouffée d’air frais. Les yeux rieurs derrière son masque, il m’aiguille sur le choix du breuvage tout en ponctuant de faits et d’anecdotes l’aventure d’Espeletia Café. Un voyage immobile que je vous partage…

Espeletia, ça veut dire quoi ?
A la base l’espeletia est une plante endémique andine que l’on trouve dans les hautes montagnes colombiennes, dans l’écosystème paramo : un environnement rude et froid où l’eau manque. Pourtant, l’espeletia a réussi à s’adapter en développant des stratégies qui lui permettent de s’accroître, notamment en récupérant l’eau des nuages. Elle ne prend que se dont elle a besoin pour grandir et redistribue ensuite l’eau pour approvisionner des ruisseaux, voire parfois même en créer ! L’espeletia pousse, crée et alimente. C’est ce que Marcela et Wilson voulaient pour leur micro-lieu, qu’il fasse son chemin, grandisse petit à petit et inter-connecte. « Tout est connecté grâce à l’espeletia. Sans eau pas de vie, donc pas de café et encore moins d’Espeletia café rue Davy ! « 

Espeletia Café est une aventure humaine qui puise aussi ses racines dans les montagnes Colombiennes. Marcela a de la famille dans la production de café et en retournant les voir, elle a eu envie de renouer avec cette culture. Quant à Wilson, il est issu d’une famille d’agriculteurs et durant ses études, il s’est beaucoup intéressé à l’impact du réchauffement climatique sur notre alimentation. Souhaitant s’engager dans un projet qui ait du sens et qui fasse le lien entre la nature et sa vie urbaine…l’idée d’ouvrir un micro-torréfacteur a mûri.
Leur lieu Espeletia Café est donc né de leurs besoins de créer « un pont autour du café« . Ils se sont lancés tous les deux dans le projet : Marcela s’est attelée à la recherche des grains de café tandis que Wilson gérait l’aspect administratif en France. Une véritable équipe complémentaire !

Une rencontre avec mère-nature
Après maintes recherches, pour trouver l’un des meilleurs cafés de Colombie et se former à la torréfaction ancestrale, Marcela et Wilson sont partis du côté de « la ligne noire ». Vous ne voyez pas où cela se trouve ? Moi non plus ! Tout en préparant le café latte de mon amie, Wilson nous explique que « la ligne noire est une délimitation de la chaîne de montagnes Sierra Nevada de Santa Marta, qui rassemble l’ensemble des terres amérindiennes des tribus Arhuacos, Kogis, Kankuamos et Wiwas. Ce territoire ancestral est pour eux, comme pour nous autres, l’héritage du passé pour le présent et le futur. » On comprends alors que les Arhuacos sont un peuple « gardien de la biodiversité » des hautes montagnes Colombiennes et qu’ils ont des savoirs à partager…
Alors que Marcela et Wilson revenaient sur leur pas à Bogotà après quelques temps dans le sud de la Colombie, un intermédiaire de l’ethnie Arhuacos leur a donné une sorte de rendez-vous secret. Après maintes heures de bus et de marche, ils ont suivi leur hôte à pied et à dos de mule à travers la montagne, en passant par des cours d’eau, pour enfin arriver – à la nuit tombée – dans un petit village Arhuacos.

Après ce looooong chemin parcouru, c’est l’heure du réconfort. Dans une cahute près du feu, Marcela et Wilson ont pu exposer leur projet à la tribu. Les Arhuacos leur ont fait confiance et les ont logés pour un temps. C’est dans cette nature – « au coeur du monde » comme l’appelle les Arhuacos – que les graines de café poussent et que Marcela s’est initiée à la torréfaction, sous le regard des villageois.

Emballée par cette histoire de pérégrination secrète, de longue marche et de dos de mule, de transmission de savoir-faire traditionnel, de confiance…mon café se racontait et son arôme prenait du sens. Waow, j’étais ailleurs tout en étant bien ancrée ici !

L’affiche a été composée par un artiste Colombien à qui Marcela et Wilson ont aussi conté leur chemin, obstacles et rencontres.

Chez #espeletiacafe, l’expérience se partage et les connexions se font rapidement. Marcela & Wilson rêvaient que leur micro-torrefacteur soit un lieu chargé d’histoires et qu’il grandisse petit à petit au fil des rencontres… »Nous sommes agréablement surpris car depuis notre ouverture, nombreuses personnes veulent nous soutenir. C’est beau, on ne s’est pas trompé ! L’échange se fait, les gens se croisent et nous parlons ensemble. » Et bien bravo, je crois qu’ils ont réussi leur pari. En effet, la parole se délie, le vivre-ensemble existe ici et les liens se resserrent autour d’une excellente tasse de café. A eux deux ils apportent la spontanéité colombienne ainsi qu’un peu de chaleur humaine. En peu de temps, j’y ai croisé la voisine joviale, l’ouvrier jeûneur, notre coloc’ de table avec qui j’étais précédemment dans un boui-boui italien de l’avenue de Saint-Ouen et tout ce petit monde papote.

Par leur aura positive, leur engagement, leur courage et leur beau projet de « créer un pont », Marcela et Wilson m’ont inspirée et suis reconnaissante d’avoir croisé leur chemin. A votre tour, partez en voyage immobile avec Espeletia Café !

Espeletia Café
52 rue Davy, 75017 Paris
Métro : Guy-Moquet / La Fourche

1 Commentaire

  • Reply Martin 25 mars 2024 at 22:18

    Très joli portrait de ce café de poche où m’a emmené une amie, qui habite dans le quartier, il y a quelques jours ; les vues de Colombie laissent rêveur/se, on y grimpe et s’y plonge avec délectation grâce à vous !

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